Introduction
Le 8 décembre 2023 sortait « Mr. Monk’s Last Case: A Monk Movie ». Un film de Monk, 14 ans après la fin de la série. Je ne l’attendais pas et rien que la perspective que ça arrive me semblait improbable. Pour moi, Monk a toujours eu une place un peu particulière. Mon grand-père avait des problèmes de mémoires et chaque semaine, il revoyait les mêmes épisodes comme si c’étaient des nouveaux. Puis dans une période où je regardais TMC l’après-midi, je suis retombé dessus et j’ai repensé à mon grand-père qui était mort depuis quelques années déjà. J’ai alors regardé la série comme ça. Puis, ma curiosité m’a poussé à la voir en entier. Il y a sept ans, j’ai vu la série en entier et j’ai fait une petite fixette dessus. Puis Monk a gagné une place de choix dans mon cœur et depuis quand je le vois à la télé, je regarde l’épisode même si je le connais par cœur. Le temps où je devinais comment le meurtre a été fait est loin et pourtant j’aime cette série. Alors comment aujourd’hui, on en est arrivé ici ? Comment une série que tout le monde à vue sans vraiment voir est devenu si importante pour moi ? Pour vous en parler, je vais surement devoir vous raconter la série et le film, je vous recommande donc de voir avant de lire.
Dear Harold,
Almost all is forgiven
Your « Friend »,
Adrian Monk
Comment fonctionne la série Monk ?
La série Monk est un chef-d’œuvre selon moi. Les séries policières sont habituellement des drames tristes où les blagues sont mises pour détendre l’atmosphère. Dans Monk, il n’y a que le personnage éponyme qui est dans le Drame. La série est une comédie policière comme on ne voit nulle part. On ne juge pas les personnages, on ne se moque pas non plus vraiment, on rigole d’eux de manière taquine. Ils ont tous des raisons d’agir et cet humour fonctionne très bien avec des gags qui souvent ne se répètent pas (exceptions autour de Monk principalement). La série est policière avec un format d’une enquête par épisode (quelques exceptions sont faites, mais peuvent être discutées, car elles se compensent par des petites). Les enquêtes sont intelligentes. Assez rapidement, le spectateur à toutes les clés pour trouver la solution. Habituellement, le jeu est de savoir « comment il/elle a été tué ». On sait généralement dès la Cold Opening qui est l’assassin/qui est la victime et parfois même le mobile. Il est rare de ne pas avoir d’indices et la solution ne tombe jamais du ciel à la fin comme une surprise. La série encourage à réfléchir à l’affaire avec l’équipe. Le format des épisodes est d’ailleurs assez simple et sans surprise et suit le schéma suivant :
Nom de l’épisode : [M Monk est/et/autre verbe ___________]
Scénario : Cold Opening avec le meurtre > Générique > Enquête > rapport au personnage (souvent Monk) > Moment de tension > Résolution > Résolution du rapport au personnage.
Par « rapport au personnage », j’entends que la situation met un « défi » à un des personnages et qui va le faire « grandir ». Dans les faits, les personnages ont peu de développement, même dans ses moments. J’apprécie énormément, car dans la vraie vie, un événement qui va changer la vie du tout au tout n’arrive pas à chaque épisode. On s’identifie donc bien aux personnages. Les situations sont d’ailleurs assez communes et en même temps très variées. À ceci, s’ajoute une réalisation qui est bonne. Les effets spéciaux sont rares et vieillissent bien. Les plans sont assez jolis (mais reste quand même niveau téléfilm de 2002). La VF est également bonne malgré les inconsistances dans les prononciations (plus francisé en début de série, moins à la fin).
En ce qui concerne les doubleurs, on est sur un bon doublage qui est très correct. De plus, les guests stars sont nombreux et rendent la série populaire (Alice Cooper, Snoop Dogg, Danny Trejo et Jennifer Lawrence par exemple). Tout ceci a contribué a ce que la série est une moyenne de vue entre 4 et 5 millions aux US. Je n’avais pas réalisé la grandeur de la série avant de lire que USA Network avait dit que Monk était l’une des séries les plus vues du câble.
Ce que j’ai vu de Monk
Afin de suivre ce que je vais dire, nous devons être d’accord sur certains points. Le premier est que je vais faire mes théories et hypothèses, je ne me base pas sur des fan-fictions ou des théories (principalement, car je ne suis pas au courant si ça existe). Le deuxième point est que je n’ai pas lu les livres (et je ne sais rien d’eux à part qu’un des auteurs de la série les a écrits après et qu’il y a des petites erreurs de chronologie). En revanche, j’ai vu Monk (la série), Mr. Monk’s Last Case (le film), Little Monk (websérie), les sketchs Bonus de Monk, le sketch covid et une interview de Tony Shalhoub. J’ai vu sans doute une interview des créateurs il y a longtemps et pour le reste, je l’ai lu en ligne sur des blogs il y a plusieurs années. Dernier point, je ne suis pas psy non plus, je vais juste raconter mes trucs et ce que j’en pense.
Introduction a Monk
La série Monk commence par un plafond blanc. Le côté clair et propre est un peu comme si on voyait déjà l’intérieur de Monk, mais on ne le sait pas. La caméra avance dans un appartement. Des policiers forment une espèce de haie d’honneur pour qu’on rentre. Un peu comme si on se glissait avec cette foule qui fait tache dans le beau décor blanc. La musique et l’atmosphère est pesante. On sait qu’il y a eu un drame ici. L’instant d’après, on voit par-dessus les épaules des policiers un homme qui ressort du décor blanc. On voit bien que tout le monde le regarde et le laisse faire. On ne sait pas ce qu’il fait, il tourne et on le regarde de plus près, on découvre son visage. On découvre cette femme qui regarde, mais qui sort du lot, elle est la seule qui n’est pas en couleurs foncées. Elle ne semble pas à sa place ici.
Voir (ou écouter) aussi : Introduction a Monk sur France Inter
On découvre finalement le corps, c’est bien une scène de crime. La musique se calme, l’homme va parler. Il dit alors « La cuisinière…. ». On a alors un premier aperçu de l’angoisse de cet homme. On apprend ensuite que cette femme est proche de cet homme. Effectivement, elle n’est pas de ce monde –au sens figuré, celui du crime-, mais l’homme en est (même si il est distrait). C’est alors que l’homme commence à contredire la théorie des policiers. Alors qu’il est distrait par la lampe, on entend son prénom. L’homme s’appelle « Adrian ». La musique change, on a maintenant la musique de cet homme, on se plonge dans sa réflexion et lui explique ce qu’il s’est passé en expliquant bien. En même temps, il est perturbé par sa cuisinière et on voit dans le regard de la femme qu’elle est agacée par la situation. À ce moment, on apprend le nom de la victime. On l’apprend en même temps que l’Homme, ce qui veut dire qu’il a déduit tout ça sans rien connaître, juste en voyant la scène. Il admet également qu’il ne sait pas ce que le tueur cherchait, il sait juste comment il a fait, sans connaître le mobile. Pourtant, il arrive à dire la taille du tueur. Une dispute commence entre la femme et l’homme qui nous fait comprendre que l’homme a une sorte de paranoïa qui le ronge et qu’elle est là pour l’aider. Le policier présente cette femme comme son « infirmière » et elle commence à le recadrer. Pendant ce recadrage, on a le début du background d’Adrian, on sait qu’il n’est plus de la police, mais qu’il enquête et qu’il a besoin de travailler. Elle lui dit qu’il est brillant et il va briller en expliquant le détail, ce qui lui a permis de tout savoir. Le policier est étonné, car personne n’a vu ces détails. Pendant ce temps, sa paranoïa explose et Adrian fuit la scène de crime qu’il a résolu. À ce moment la tombe les trois phrases entre trois policiers :
– Alors c’est lui le fameux Adrian Monk ?
– Oui la légende vivante.
– Si on peut appeler ça vivant.
Dans ce dialogue, on est sûr de qui est l’homme qui vient de sortir et en même temps, on comprend qu’il est dans un tournant terrible. Le générique se lance et on découvre Monk chez lui. On sait où se passe l’histoire grâce à la fenêtre. On comprend la personnalité de Monk pendant le générique et par sa routine. Il va ensuite chez son psy où toute l’exposition du personnage se fait.
Cette introduction est brillante. Le scénario va d’ailleurs continuer en étant très fort. En effet, Monk est si doué dans son métier que le maire lui-même va demander à ce que Monk enquête. Pourtant, la scène du psy nous dit tout de Monk : on voit comment il se soumet à ses TOC pendant que le psychologue le regarde avec un air soucieux et inquiet. L’épisode nous explique tout et on s’attache vite à Monk. On découvre son psy qui a l’air proche de lui. On découvre son assistante/infirmière qui l’aide et on découvre ses collègues de travail pour la série. Monk est finalement assez simple, c’est un homme meurtri, plein d’angoisse et on le cerne rapidement.
Les origines de Monk
Finalement, on sait assez peu de chose de son Histoire. Adrian Monk est le fils de Agnes Monk et de Jack Monk (Adrian se souvient de sa naissance et en garde un souvenir mitigé). Il a un grand frère qui s’appelle Ambrose est avec qui il est très proche dans son enfance. Les deux enfants Monk semblent être né en étant un peu différents. On peut suspecter qu’ils soient un peu autistes et ils ont du mal à se mêler à la vie sociale. Agnes Monk essayera de leur apprendre à rires pour qu’ils donnent une apparence plus normale, mais ça sera un échec. Agnes parait être le problème principal de la famille selon moi. Elle est loin d’être une mère aimante. Je dirai même qu’elle est tyrannique par moment. Elle est distante de ses enfants et ne leur a jamais porté aucune marque d’affection. En même temps, elle a un problème de contrôles et de lâcher prise. On peut même parler de paranoïa et il est très probable qu’elle est causée la dépression et les angoisses de ses deux fils.
Jack Monk paraît donc être un père idéal à coté. Jack semble proche de ses fils, ils les aiment et même s’il est parfois stricte avec eux, il n’est pas comme Agnes (il y a des tensions parfois). Il a une petite vie peu glorieuse, mais il a ses deux enfants et sa femme à la maison. Il est éduqué, mais n’est pas aussi intelligent que ses enfants. Dans la série, quand on le rencontre, il paraît être grognon et pas spécialement agréable, on a peu d’affection pour lui (ce sentiment se transmet dans un épisode dans lequel Adrian raconte que son père ne lui a offert qu’un Talkie Walkie à noël puisqu’il n’a pas d’amis avec qui utiliser un deuxième). Malgré tout, les deux parents Monk paraissent bien s’occuper de leurs enfants, ils sont stricts et un peu étranges, mais il n’y a pas de « grosses maltraitances physiques ». Pour les 8 ans d’Adrian, Jack Monk sort pour récupérer une commande à un restaurant chinois. Sur le chemin du retour, il se rend compte que la vie est plus calme sans sa famille. Il décide de ne pas rentrer chez lui et abandonne le foyer. À ce moment, le reste de la famille prend un côté plus sombre. Agnes va tomber dans une dépression et va devenir catatonique. Ambrose va suivre l’exemple de sa mère et va lui aussi se taire.
À partir de ce moment-là, Ambrose sera un enfant très discret. Bien que plus intelligent, il ne pourra plus l’exprimer par sa parole pendant des années. Il lui faudra des années pour reparler et ce sera pour parler à une fille dont il est secrètement amoureux. Durant son enfance, il construira un lien fort avec Adrian et ils seront soudés. Les deux enfants seront toujours un peu à part et chercheront à se faire des amis sans succès. Tant qu’ils le pourront, ils passeront leurs journées de classe ensemble. À ce moment, Adrian devient un peu le pilier de la famille. Agnès et Ambrose ne se remettent pas du départ de Jack. Adrian va le surmonter et va commencer à grandir. Il fera lui-même les courses et la cuisine à l’age de 15 ans. Agnes va finalement mourir d’une longue dépression et Ambrose va le vivre en développant de l’agoraphobie. Sa mère lui a tellement répété que l’extérieur est dangereux qu’il ne sortira plus jamais. Grâce à son intelligence, il trouvera un travail de rédacteur de manuel d’utilisation qu’il fait de chez lui grâce aux nombreuses langues qu’il a apprises en autodidacte. Il reste convaincu que Jack va revenir et qu’il ne les a pas abandonnés. Cependant, ce n’est pas de l’espoir, mais de la folie. Il garde tous les journaux et le courrier de Jack et ne touche pas à ses affaires (causant une espèce de syndrome de Diogène maitrisé). Ambrose ne vivra jamais sa vie. Par peur et par cet espoir déraisonnable, il restera figé dans cette maison.
Trudy Anne Monk
Adrian va continuer ses études dans l’université de Californie. À 24 ans, il obtient son permit. Malgré ses petits TOC, il arrive à avoir une vie « normale » (à l’opposé de son frère). À 26 ans, il rencontre la femme qui va changer sa vie, Trudy Ellison. Grâce à sa peau sensible et sa mémoire, il trouvera son numéro de téléphone et après un mois d’hésitation, il l’appellera. Trudy sera la femme de sa vie à partir de ce moment. Après quatre ans en couple, il l’épousera et sera le plus heureux des hommes.
Trudy sera très compréhensive envers lui et le soutiendra face à ses TOC. Il arrivera à les supporter presque tous. La famille Ellison aimera Adrian, car ce sera l’homme le plus aimant du monde. Monk la comblera de bonheur. Il n’y aura pas un jour triste pour eux. Il ne pense pas à d’autres femmes, il n’y a qu’elle. Elle est terriblement belle même si elle ne le sait pas et à force de rires des blagues de son mari, elle commencera à avoir des petites rides que Monk adore. Si jusqu’à maintenant, la vie de Monk était sombre, Trudy sera sa joie de vivre. Son seul défaut ? C’est l’odeur de son shampoing. À part ça, elle l’aime et il l’aime. Tous deux travaillent dur, mais ce n’est pas grave, ils savent qu’ils se retrouveront l’un et l’autre. Peu de temps avant Noël, elle meurt d’une bombe de cinq kilos de plastique posé du côté passager de sa voiture. Elle va agoniser pendant une demi-heure dans d’horrible souffrance en pensant à Adrian. Ses derniers mots seront pour lui, pour le rassurer d’une certaine manière. Dans ses derniers moments, elle ne pensera qu’à lui. Elle passera de vie à trépas en étant folle amoureuse.
Monk est mort. Au sens figuré bien sûr. À partir de ce moment-là, Monk ne sera plus jamais heureux. Après sept ans de mariage, il arrive en enfer. Tous ses TOC ressortent et plus fort que jamais. Il devient comme Agnes, il ne sort plus de chez lui. Il fait une dépression nerveuse et il est suspendu de son travail de policier. Il a tout perdu, il n’a plus ni travail, ni l’amour de sa vie. Il devient extrêmement phobique et il ne contrôle plus ses TOC. Il reste enfermé chez lui et ne parle à personne. Son état inquiète son ancien collègue et ami qui va embaucher une infirmière pour s’occuper de lui et l’aider à aller mieux. Après trois ans, il sortira de cet état de dépression extrême. Il restera quand même dans une grande dépression et cinq ans après, il ne pensera qu’à elle. Il ne peut pas faire son deuil, car il ne sait même pas qui a tué sa femme. Adrian se sentira abandonné par son frère. En effet, il se sent coupable puisque Trudy était sortie pour lui faire des courses quand elle est morte. Ambrose ne pourra pas assumer d’avoir détruit le bonheur de son frère et fera comme son père, il disparaitra de la vie d’Adrian et le laissera sans nouvelle.
M.Monk et le candidat
La série commence ici. La scène d’exposition décrite plutôt nous fait découvrir Monk. Toute la série va explorer en détail ce personnage. Monk est dans un enfer qu’on ne peut imaginer. Il n’aime pas que les choses changes, car pour lui, le monde s’est arrêté quand Trudy est morte. Monk ne progresse pas ou peu. Il lui faudra des années de thérapie pour faire des progrès, mais un petit chamboulement le renverra à la case départ. Le deuil de Monk est long et difficile. Il ne jettera pas ses affaires, il aura du mal à se débarrasser du bureau de Trudy. Il sentira son oreiller régulièrement pour se rappeler l’odeur de son shampoing qui lui manque. La seule chose qui n’est pas rangée dans sa maison, c’est sa table basse qui est mise comme Trudy la mettait pour libérer de la place pour prendre la tête de son mari sur ses cuisses. Il lui faudra 125 épisodes pour découvrir qui a pu l’envoyer dans cet enfer.
Il y a un an et demi, j’ai enterré un homme qui aurait dû vivre plus longtemps. Je repense à l’état de sa femme qui a pleuré presque dans mes bras et qui m’a dit qu’elle ne pourrait plus vivre sans lui. Elle comprendrait sans doute Monk et personne ne mérite de vivre ça.
Dans l’épisode un, Monk semble plus heureux que dans le reste de la série. Il a ses TOC et se sent mal dans sa peau, mais reprendre du travail l’aide. Avec le temps, il perdra cette joie. Cependant, Monk est brillant. Il est le meilleur détective qu’il soit. J’ai fait un classement de tous les Détectives qui auraient pu découvrir Dexter. Monk arrive très haut dans le classement. Le premier épisode nous montre toute sa vie actuelle. Il est brillant, a une mémoire sur humaine, une agilité sans faille, mais à cause de son passé, il a besoin d’une assistante pour la vie normale. C’est son don et sa malédiction. En regardant entre ses doigts, il reconstitue la scène de crime et il sait comment le meurtre a eu lieu. Il découvre ensuite rapidement le mobile et dans la séquence « Voici ce qu’il s’est passé », il nous dévoile toute l’histoire, tel qu’elle a eu lieu et avec un maximum de détails qu’il a découvert sans rien inventé. L’épisode un est d’ailleurs parfait pour prouver son talent puisqu’il trouve le tueur de deux enquêtes.
Vivre dans la peur
Monk est le personnage le plus important de l’histoire des séries télévisées, selon moi. Finalement, quand on pense à ses défauts, on peut les justifier et donc les surmonter. On sait que Monk est avare, mais pas dans une extrême qui le rend malade quand il dépense. Il est seulement avare, car il a du mal à dépenser de l’argent parce qu’il a du mal à le gagner et que son métier de consultant privé ne le paye pas assez. Finalement, qui peut reprocher à quelqu’un qui gagne peu de dépenser peu ? Un autre de ses problèmes, c’est sa grande honnêteté. Comme il devine facilement ce qu’il s’est passé, il est souvent un peu embarrassé quand les gens ne disent pas la vérité. Il dit parfois des choses qu’on ne dit pas juste pour rétablir les vrais faits. Encore une fois, un homme qui cherche la vérité n’a-t-il pas le droit d’être honnête ?
Concernant ces phobies, on sait que Monk a eu une enfance difficile avec une mère qui le poussait à avoir peur du monde entier. Ce monde a d’ailleurs tué sa femme pour le laisser souffrir. Qui n’aurait pas peur dans cette situation ? (j’ajouterai que grâce à Little Monk, on voit que ses phobies-comme celles du lait– ce sont développés avec le temps). Ce dont on ne parle pas, c’est de son courage. C’est un homme qui est en dépression, il est malheureux, il ne reste en vie que pour savoir qui a tué sa femme. Il est effrayé par le monde, cependant il sort à l’extérieur et travaille. Monk est dans un enfer que personne ne peut imaginer, cependant il continue. Parfois même, quand une de ses phobies l’empêche d’atteindre un but relatif à sa femme, ils les oublient toutes et fonce. Trudy est un peu ce qui le garde dans la réalité et qui finalement aide son esprit faible a fonctionné.
Monk est faible, naïf et influençable (la secte, le prêcheur de time square, les jeux d’argent, l’enfant dans l’avion). Finalement, Monk est un peu toujours un enfant dans le fond. Il a peur de choses insignifiantes, il a besoin d’être rassuré, il fait des caprices. Peut-être que c’est finalement ce qui arrive aux hommes qui n’ont pas eu d’enfance ? En vieillissant, il semble grandir, mais doucement. On le voit dans sa peur de l’abandon qui est persistante dans toute la série. Quand Sharona décide de démissionner pour repartir dans le New Jersey, Monk déprime et se sent abandonné pareil quand son Psy meurt. Grâce au film, on sait que le départ de tous ses amis lui a fait le même effet. Finalement, Monk a peur des choses physiques comme le lait, les serpents, les nuages et la hauteur. Mais il a aussi des angoisses plus intérieures, de concepts plus abstraits. Il a peur de l’abandon, de la mort, du manque d’argent. Rien ne peut le sortir de cet enfer (la seule qui le pouvait est morte).
Dans le Mini sketch publicitaire « Monk – Dream », on voit Monk dans un rêve ou tout est parfait pour lui. Propreté, symétrie, géométrie, couleur, etc, sont fait pour lui. Finalement, il marche dans un chewing-gum et se réveille. Il dit alors « I just had an horrible nightmare again ». Ce rêve nous apprend que si le monde allait parfaitement dans son sens comme il le souhaite, il y aurait toujours un détail qui lui rappellerait qu’il ne peut pas être heureux. Le chewing-gum est assez ridicule pour lui rappeler que le monde n’est pas propre. Sa vision pessimiste du monde, même dans ses rêves, fait qu’il ne peut pas être heureux dans le vrai monde qui est encore plus incertain. Rien ne semble pouvoir le sortir de cette boucle. Il est destiné à vivre dans cet enfer ou seuls ses amis le supportent (sans parfois le comprendre).
Monk ne s’aime pas. Il déteste voir son corps nu, il ne regarde jamais ses pieds, il ne se regarde pas quand il se lave. Rien que son esprit lui déplait. Il décrit son esprit comme un don et une malédiction. Il a conscience de qui il est et de ce qu’il fait. Dans le film, il parle avec sa femme. Il sait qu’elle est morte, mais c’est sa conscience. Il n’est pas fou, il comprend ce qu’il lui arrive, il n’est juste pas heureux du monde qui l’entoure, ni même de lui. Sa valeur sera d’ailleurs un sujet dans quelques épisodes et dans le film.
La fin de la série
Finalement arrive l’année 2009 et avec cette année va finir Monk. Ce qui est drôle, c’est que la série s’est finie et la fin est bien. On est de plus en plus habitué aux séries à rallonge qui font de l’argent et donc qu’on continue tant qu’elles rapportent. On a l’habitude des séries post 2011 (comme Dexter ou Dr House) avec des fins rapidement et pourries pour conclure la série. Pourtant, Monk a une fin que je trouve vraiment bien. Il faut garder en tête que la série a globalement gardé sa popularité tout le long. On a juste eu des baisses de vues à cause de la programmation, mais elle a toujours gardé sa popularité relative.
Avant la fin, l’épisode « Monk reprend du service » est sans doute un des meilleurs en terme de morale. Monk arrive à revenir dans la police. Après avoir souffert de la perte de son travail pendant des années, il a de nouveau une plaque. Le problème c’est que comme dit plus tôt, pour Monk, le temps, s’est arrêté. Il ne vit plus avec son temps et il a du mal à se réintégrer à la police. Monk résout l’enquête, il a raison, mais on ne l’écoute pas, ça ne marche pas comme ça. Monk est dépassé et risque sa vie pour la justice, mais ça n’en vaut pas la peine. Je me souviens encore de Monk qui dit :
« C’est le travail de mes rêves, mais il me rend profondément malheureux »
[…]
« J’étais heureux avant. »
Cet épisode est fabuleux, car il nous apprend que parfois les rêves sont très idéalistes, mais qu’en réalité, être plus modeste est mieux. Monk a perdu son assistante et ces collègues. À la place, il récupère un travail qu’il pensait être idéal, mais où il n’est affecté qu’à une folle qui appelle pour des histoires sordides. Finalement, l’épisode est magnifique et j’adore sa morale. La scène ou Monk démissionne en conclusion d’épisode a toujours été une grande inspiration pour moi. Il a eu ce dont il rêvait, mais son travail en tant que consultant privé lui plaisait plus. Lui repart en sachant qu’il ne pourra jamais avoir le travail de ses rêves, mais il repart aussi pour retrouver ses amis et le travail qu’il aimait finalement. Cependant, tout ceci pourrait bien s’arrêter.
Même si pas tout le monde n’a vu la série, presque tous ont vu au moins un épisode. Ce qui signifie que tout le monde connaît l’histoire de Monk dans les grandes lignes et un épisode qui s’appelle « Monk s’en va » (Mr. Monk and the End) fait que tout le monde veut savoir. Il n’y a pas de surprise sur la fin de Monk, on sait qu’il vit un enfer, la solution logique est donc de savoir « comment va finir cet enfer ? ». L’idée d’empoisonner Monk marche très bien, car on se dit que ça pourrait être la fin. L’introduction de la partie 1 nous fait aussi comprendre que cette fin est proche.
La Partie 1 de la fin est une mise en contexte. Trudy apparaît au début et on sait qu’il se passe quelque chose dès ce moment-là. L’épisode va nous rappeler tous les enjeux de Monk avec quand même une enquête pour ne pas perdre le rythme d’une enquête par épisode. La mort violente du suspect écrasé par le train rajoute de la pression sur la mort prochaine de Monk. Monk va d’ailleurs s’effondrer à cause du poison comme s’il était déjà mort. Alors que Monk est presque mort, il va ouvrir le cadeau de Trudy. Un paquet dont on sait l’existence depuis le premier épisode de noël, c’est un super moyen de faire de la continuité, même si ça fait un peu tomber du ciel pour la plupart des gens.
La Partie 2 est une traque intense. Monk reprend vie. Il est impensable qu’il meurt sans avoir vengé sa femme. Monk n’a jamais été aussi mal et aussi courageux. Il n’a plus peur, il n’a plus mal, il sait que c’est fini et il va tuer celui qui a fait ça. Monk va enfin savoir qui l’a mis dans cet enfer, qui lui a fait ça, qui a tué sa femme et il va en finir. Il va le retrouver, résoudre l’affaire du jour de la mort de Trudy et l’affaire de sa femme. La scène est magnifique dans un sens. Monk est souffrant, mais il résiste. Quand Monk décide de poser son arme, on a presque autant mal que lui et le suicide final remet de l’ordre. Cependant, Monk apprend aussi que Trudy a une fille. La fille de Trudy, c’est ça qui va le sortir de l’enfer. Il a de nouveau un but, Trudy lui a laissé une jeune femme. Maintenant, Monk a un travail, une famille et des amis. Molly Evans, ne remplacera jamais sa mère, mais Monk n’est plus seul. Il a récupéré un morceau de sa femme. Pour tous les autres, tout va pour le mieux et la série finie sur Monk qui va continuer à arrêter des criminels le cœur léger.
Le film de la dernière affaire
Monk le film m’a agréablement surpris. C’est tout ce dont je rêvais. J’avais vu le Sketch du covid qui m’a appris que Peacock a racheté les droits. Le petit sketch avait quelques petites blagues et ça faisait étrange de voir les acteurs de la série avec 11 ans de plus. Mais, ça voulait aussi dire que peut-être que quelque chose allait arriver. Le Covid était un prétexte parfait. Monk a peur des virus, on va le confronter à celui qu’on a tous dû supporter.
Finalement, en début d’année, Peacock a annoncé le film Monk. J’avoue que j’étais un peu un inquiet. Dans le sketch, on voit que le temps a passé pour tous les acteurs (sauf Natalie qui semble bien conservée). Monk a pris un petit coup, le capitaine aussi -d’ailleurs, je trouve ça drôle que les personnages à droite de l’écran n’aient pas leurs prénoms-. L’acteur qui joue Randy paraît avoir grossi un peu. Le sketch était un clin d’œil sympa.
Le film est annoncé pour le Vendredi 8 décembre 2023. Ce qui n’est pas anodin puisque la fin de la série était le Vendredi 4 Décembre 2009. On peut penser que Monk aime le vendredi ou bien qu’il voulait son film 14 ans (et 4 jours) après exactement. 5117 jours après le dernier épisode de la série, Monk revient. L’épisode fera d’ailleurs des références qui font plaisir dans le film en parlant « d’une enquête par semaine depuis 2002 » pour parler des épisodes diffusé chaque semaine. Le film est sorti depuis peu, je vais donc raconter le synopsis global en ne rentrant pas trop dans les détails. Le film commence avec le début de l’épisode 1 de la saison 1. C’est un très bon moyen d’indiquer la continuité. On rentre rapidement dans les angoisses de Monk pour nous montrer qu’il est toujours le même. Monk est parti en étant populaire alors qu’on en voulait encore, ce qui fait qu’on s’attend a la formule qui a fait la série, mais en version film et c’est ce qu’on a. Monk est devenu le Père de Molly dans un sens. Cependant, Monk n’est pas heureux, il a du mal à vivre, sa femme est toujours morte, sa « fille » a sa vie et lui n’a plus de but. La vie de sa fille va prendre un tournant, car comme sa mère, son fiancé va mourir dans un accident suspect. Dans l’épisode, on voit que Monk va mieux par rapport à ses angoisses, mais que a la place, il est remplacé par une grande solitude et une dépression. Il se sent abandonné par ses amis qui ont déménagé/changé de carrière. Monk pense à se suicider. Le passage chez le psy est très touchant puisque Monk meurt en silence avec son psy qui se doute de ce qui se passe et qui n’est plus son « psy », mais un ami.
L’enquête est cependant très bonne (et moins triste). Bien que Monk soit hanté d’idées noires, il a une enquête. Monk s’attaque à une espèce d’Elon Musk. Un homme puissant, riche, avec un égo surdimensionné. Monk contre Musk est finalement une bonne critique et en même temps un défi énorme. J’ai pris plaisir à mener l’enquête et à deviner bien avant Monk comment le meurtre a été fait. L’humour fonctionne extrêmement bien également. On oublie par moment que Monk prévoit son suicide. (je n’ai d’ailleurs pas trouvé l’explication du suicide prévu pour le 22 Juin puisque Trudy est morte en décembre et leur mariage est en août, si quelqu’un a une piste, qu’il la mette en commentaire).
La réalisation est extrêmement belle. Le plan de Monk seul a son bureau qui veut en finir est très beau et les couleurs froides représentantes le méchant marchent bien. L’épisode à son côté un peu absurde, mais plausible avec les jumeaux et il y a des petites références (comme la musique au décollage pour rappeler le défilé dans la série) qui font plaisir et qui aide à la continuité. On a aussi des références aux personnages qu’on ne voit pas qui donne une cohérence à l’univers (Sharona, Benji, Ambrose, Julie, Harold Krenshaw sur les lettres d’adieu). Mon seul regret est de ne pas tous les avoir eus même si on comprend facilement pourquoi. On a peu de nouveau personnage, on a juste l’évolution de ceux qu’on avait. Tout est crédible et on a un beau coté de nostalgie en les voyant tous arriver. Ce film de Monk c’est donc la nostalgie, l’évolution de Monk et un épisode bonus inédit de la série. J’aime beaucoup la progression de Monk dans l’épisode. On comprend rapidement qu’il veut en finir avec le plan sur la fenêtre qui nous met mal à l’aise et où on comprend qu’il se sent inutile. On voit la planification minutieuse de son suicide (à son habitude). On voit que Monk souffre en silence et que personne ne peut le comprendre (à part le Dr.Bell qui s’en doute en voyant son état s’aggraver). Finalement, on voit qu’il s’accroche à la fin et qu’il continue d’être courageux et c’est une belle conclusion pour ce film. La fin dans laquelle il reprend du service est belle et la fin avec « It’s a jungle ou there » suivi de sa solitude brisé grâce a Watson puis suivi du thème de la saison 1 de Monk montre bien que c’est toujours Monk.
Conclusion
Je pense que pour conclure, le film est ce que je voulais et je ne suis pas étonné qu’il ait été nommé pour des récompenses avant sa sortie. Tony Shalhoub a dit ne pas être fermé à une suite (bien que je ne le recommande pas, mais que j’ai envie de voir). Monk est le personnage le plus dramatique que j’ai vu. On a l’habitude des personnages qui vivent un deuil dans les séries policières, mais Monk est plus sincère. C’est un personnage où on s’attache, on souffre avec lui, on est heureux parfois et on résout les crimes. Si je devais avoir un modèle, ça serait Monk. Malgré tous ses problèmes, il continue toujours, il est courageux et il ne s’arrêtera jamais. C’est une version romantique, sincère et non pas approximative comme dans les séries modernes. Un jour, il rejoindra sa Femme dans un monde meilleur, mais pour le moment, il donne la parole a ceux qui l’ont perdu dans des homicides et il n’arrêtera jamais de dire « here what happened ». Je vais arrêter ici parce que je pourrai développer sur tous les personnages (de kevin Dorfman au fils du Dr Kroger). Si vous n’avez pas vu Monk, foncez maintenant, on a tous à apprendre de lui pour devenir meilleur. La série est d’une grande sagesse, pour toute la famille et nous fait réfléchir autant que rire.
(Mention spéciale à l’épisode 1 de la saison 3 où la scène de métro me fait toujours rire et dédicace à ceux qui restent autour de moi ou que j’ai perdu ou aurait aimé perdre autrement)